Conseil Général 44 et Réforme territoriale : une démocratie à Géométrie variable

Philippe Grosvalet, président du Conseil Général de Loire-Atlantique

Philippe Grosvalet,
président du Conseil Général de Loire-Atlantique

 

Mais où est Philippe Grosvalet, président du département de Loire-Atlantique ?
Répondant à l’annonce de la nouvelle carte territoriale, c’est la question que se sont posés les 300 à 400 personnes rassemblées mardi dernier dans la cour du conseil général de Loire-Atlantique, avant qu’un responsable accepte de recevoir une délégation.

Messieurs Bocher (canton de la Chapelle/Erdre) et Gauchet (canton St-Herblain-Est) en recevant les responsables de Bretagne Réunie et le porte-parole de 44=Breizh leur déclare «Il n’est pas là. Il est parti à l’étranger dans le cadre de ses fonctions». Où ? Ceux-ci refusent étrangement de le dévoiler. Son absence ne l’empêche cependant pas de prendre la parole dans les médias. Hier, après avoir déclaré le 23 mai qu’il organiserait un referendum si le département ne se retrouvait pas dans la même région que la Bretagne administrative, il disait la question de la réunification «définitivement enterrée» par la nouvelle carte territoriale, «elle n’a plus lieu d’être». Des déclarations malvenues qui ont provoqué la colère des manifestants réunis hier soir.

La volonté du CG est aujourd’hui de forcer la région Bretagne à accepter la fusion dans un Grand Ouest. On pourrait même parler «d’annexion»… Grand Ouest, complètement déséquilibré et incohérent, mais qui ravirait le cœur des élus de la région Pays de la Loire, arc-boutés sur «la défense de l’unité des Pays de la Loire», pourtant très contrastée et contestée dans les faits. Dans cette histoire, Jean-Marc Ayrault tire encore les ficelles, et fait le forcing pour que «son» projet s’impose.

Lorsqu’on leur pose la question du caractère démocratique ou non de cette réforme territoriale, les élus s’accordent avec les manifestants : «cette réforme n’a pas du tout été menée de manière démocratique !», et la délégation de leur répondre alors «rendez la démocratique, organisez une consultation populaire !, comme P. Grosvalet l’a dit le 23 mai». Mais les conseillers généraux se plaignent avant tout, de ne pas avoir été consultés, eux. On comprend alors que la consultation populaire aurait eu lieu, mais dans le cas où la Loire-Atlantique aurait rejoint la région Poitou-Charentes. Dans le cadre de l’immobilisme territoriale, la consultation n’a donc plus d’utilité, et même elle gênerait leurs intérêts. Pour le Conseil Général, la solution est donc une démocratie à géométrie variable.

Alors qu’ils reconnaissent tous les avantages qu’amènerait pour le département une région bretonne avec la Loire-Atlantique, (Philippe Grosvalet le reconnaissait dans une interview à Ouest France le 23 mai), Messieurs Boché et Gaucher et le conseil général dans son ensemble préfèrent donc que rien ne bouge. Si on ne peut pas faire une fusion Pays de la Loire – Bretagne, ce qui semble impossible vu la position de la région Bretagne, le conseil Général choisira l’immobilisme. Ceci est si clair que Philippe Grosvalet déclare aujourd’hui qu’il ne dispose pas de la capacité à organiser un referendum d’initiative locale. Ce qui était possible il y a dix jours l’est pourtant toujours, il demande juste de la volonté politique. La région Pays de la Loire pourrait s’opposer selon la loi au résultat d’une telle consultation, mais il permettrait clairement de faire bouger les lignes et de sortir du carcan régional ligérien.

Nous le voyons, la solution qui permettra de sortir de l’immobilisme, qui permettra aux autres départements de la région Pays de la Loire de se retrouver dans des projets régionaux cohérents, c’est un déblocage démocratique sur la question de la réunification et non un «enterrement» comme le voudraient Jacques Auxiette et Philippe Grosvalet. La réforme territoriale n’a pas proposé un enterrement de la question de la Réunification, mais a en fait plutôt dévoilé l’impossibilité d’une région Grand-Ouest.

Le danger aujourd’hui est donc de rester dans une région sans cohérence qui deviendrait vite une région «naine» face à des grands ensemble très supérieurs en population et superficie ou en capacités d’actions politiques (statut spécial, collectivité unique, etc …). Une situation qui serait déplorable pour la Loire-Atlantique, mais aussi pour les autres départements de la région Pays de la Loire.

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