Depuis le 21 décembre, date de l’amendement De Rugy/Le Fur, nous attendions une réaction du président du Conseil Général de Loire-Atlantique. C’est chose faite depuis le 10 janvier, où M. Grosvalet déclare être «ouvert à la discussion sur le périmètre», mais ne pas être d’accord avec l’amendement car «ne pas poser la question aux autres départements des Pays de la Loire, ce n’est pas respectueux de la démocratie». Il poursuit en déclarant«Il y a certes une identité culturelle et des convergences économiques avec la Bretagne, mais ça ne suffit pas à définir les frontières, ce qui m’importe, c’est d’avoir des régions fortes.»
Philippe Grosvalet (à gauche) et Patrick Mareschal (à droite).
En mer comme en politique, il faut savoir comment tourne le vent…
Divers élus ont déjà dénoncé le caractère dit «anti-démocratique» de cet amendement. Il est néanmoins étonnant de constater que les seuls à s’en offusquer exercent un mandat en Loire-Atlantique. Si une consultation uniquement en Bretagne est si choquante les citoyens et les élus des autres départements des Pays de la Loire, donc les personnes dites lésées par cet amendement, ne semblent pas s’en émouvoir. Il semble évident que les élus avançant ce type d’arguments ont davantage une volonté de bloquer le processus de réunification que de défendre les dits «ligériens» manifestement peu préoccupés par une éventuelle disparition de leur région*.
Les déclarations de Monsieur Grosvalet ont clairement pour but d’éviter le débat. En souhaitant que les habitants des autres départements des Pays de la Loire soient associés à cette décision, le président du Conseil Général souhaite donc une consultation. Force est de constater que ni M. Auxiette, ni M. Grovaslet, ne se sont jusqu’alors engagés sur cette voie. De même, le nouveau président du Conseil Général déclarait en avril 2011 que la question de la réunification devait «davantage se débattre au niveau national, voire européen». L’absence de consultation des populations des autres départements des Pays de la Loire ne semblait alors pas lui poser un problème démocratique.
Monsieur Grosvalet a tout à fait raison de mettre en avant les convergences culturelles et économiques entre la Loire-Atlantique et la région Bretagne, car c’est bien sur ces bases, entres autres, qu’une «région forte» peut exister. Si ces liens ne sont pas aussi forts avec la région Pays de la Loire, dans quelle mesure peut-on considérer que le découpage administratif actuel est cohérent ? Ou qu’il peut être une base pour une «région forte» ?
Le Conseil Général de Loire-Atlantique a fait un vœu pour la réunification en 2010, et l’assemblée départementale actuelle est issue de la même majorité avec pour ainsi dire les mêmes conseillers généraux. Le collectif 44=BREIZH appelle donc les élus à faire preuve de cohérence et à respecter leurs engagements en posant clairement le problème sur la table plutôt que d’éviter le débat. De la même façon, nous demandons au Conseil Général de Loire-Atlantique de reprendre les commissions mixtes avec la région Bretagne qui ont été brusquement stoppées à l’arrivée de M. Grosvalet à la présidence.
Le manque de cohérence et d’initiative du Conseil général et de son président nous amène à appeler à un rassemblement le lundi 19 mars à 17H lors de la session du Conseil Général, pour leur rappeler leurs engagements. Ce qui importe M. Grosvalet c’est d’avoir «une région forte», nous souhaitons donc lui proposer d’engager au plus vite les discussions avec le conseil régional de Bretagne en vue de la création d’une collectivité unique pour la Bretagne Réunifiée.
*
Avril 2009 « Roland du Luart, président (UMP) du conseil général de la Sarthe, à propos de la création, dans l’Ouest, d’une grande région Val de Loire aux côtés de la Bretagne (à cinq) et de la Normandie réunifiée :
«Ce n’est pas idiot, j’y suis favorable. Ce redécoupage irait dans le bon sens, en diminuant le nombre de régions, ce qui permettrait notamment des économies. Par ailleurs, c’est une bonne harmonisation. En Sarthe, nous ne sommes pas Atlantistes. Les problèmes d’une zone littorale ne sont pas les mêmes qu’en intérieur. En revanche, il y aurait une vraie cohérence à travailler avec le Centre.»
M. Jean-Claude BOULARD, Maire PS de la Ville du Mans, dans l’Express 27 juin 2005 :
«Nous avons fait le choix d’une aire métropolitaine du Maine, avec Laval et Alençon, qui nous semble plus cohérente géographiquement et qui a le mérite d’être située sur l’axe Angleterre-Espagne, un axe d’avenir avec l’ouverture de l’autoroute Rouen-Tours. Par ailleurs, n’oubliez pas que le port du Mans, c’est Le Havre, pas Saint-Nazaire.»